Nous « commémorons » cette année les 50 ans des événements de mai 68.
Quel paradoxe !
Commémorer est un terme d’origine militaire. Et mai 68, même s’il a été le théâtre d’affrontement et de combat avec les forces de l’ordre ou entre militant.e.s de mouvement plus ou moins proches, semble aux antipodes de l’histoire militaire.
Commémorer ne veut pas dire célébrer mais c’est surtout se souvenir d’un moment qui a marqué au point de laisser une influence sur les années ou les siècles qui ont suivi.
Les plus âgés vont se souvenir, les plus jeunes découvrir.
L’esprit de rébellion et de contestation de l’ordre établi, les images de l’époque montrant les affrontements entre étudiant.e.s et policiers sont loin de cette idée de maturité.
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Michel de Certeau, La Prise de parole
Michel de Certeau, historien marqué par un cursus chez les jésuites, a participé au mouvement. Dans La prise de parole, écrit entre mai et septembre 1968, il a traduit ce qui lui semble le plus marquant dans cette période.
« La Prise de parole résonne des paroles et des pas de la foule enthousiaste qui, s’emparent des mots et des rues, crut s’être donné le pouvoir de changer la vie. » (Présentation de l’éditeur)
De même, Nathalie Sarthou-Lajus en 2008, dans la revue « Etudes », évoque cette période à propos d’un article de Michel de Certeau publié en octobre 1968, « Pour une nouvelle culture, le pouvoir de parler »
« En mai dernier, on a pris la parole comme on a pris la Bastille en 1789. » L’explosion de la parole publique fut en effet l’une des caractéristiques de Mai 68. Michel de Certeau ne s’y est pas trompé. Des assemblées, des débats, il s’en est tenus partout. Et l’on ne se contentait pas de parler, on écrivait, on distribuait des tracts, on manifestait… »
Références bibliographiques :
Michel de Certeau, La prise de parole et autres récits politiques, Seuil, 1994. Disponible sous la cote : 321.01 CER (au 3ème étage de la BGM)
Michel de Certeau, Pour une nouvelle culture, le pouvoir de parler , Etudes 2008/5 (Tome 408) p. 112 , disponible en ligne
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Prendre la parole dans le blog « Regards sur mai 68 »
Dans le cadre de cette « commémoration », la bibliothèque, en concertation avec Sophie Coeuré, enseignante d’histoire contemporaine à l’UFR GHES, vous donne la parole.
Si Mai 68 vous inspire, que ce soit parce que vous y avez participé de plus ou moins loin, parce que ces mots éveillent en vous tout un univers plus ou moins réaliste, parce que vos parents ou grands-parents vous ont enquiquiné avec leurs souvenirs d’anciens combattants, n’hésitez pas à le mettre en mot et à le partager.
Contact : laura.marechal@univ-paris-diderot.fr
Article de Véronique Glorieux
