Pourquoi lisons-nous : retour sur la saison 2019-2020

Pourquoi lisons-nous

est une enquête sur la lecture comme expérience.

C’est un cycle de rencontres-conversations animées par des universitaires, écrivain.e.s et artistes sur nos manières de lire. Ici, la hiérarchie traditionnelle entre l’auteur et ses lecteurs·trice·s se dissout et se rééquilibre.

Des rendez-vous proposés par Christopher Gellert et le Service commun de la documentation de l’Université de Paris, en lien avec l’UFR LAC. Avec le soutien de la Maison des Ecrivains et de la Littérature (Mél) et de la Fondation des Etats-Unis. La radio *DUUU enregistre les rencontres pour une diffusion en ligne sur son site.

Voici un retour sur notre 3ème saison, 2019-2020 :

Fondation des Etats-Unis, 26/11/2019

Pour écouter la rencontre sur le site de *DUUU, c'est ici.

On fantasme toujours le pays qu’on lit en traduction.

Pour Frédéric Forte, la seule possibilité de vraiment comprendre la poésie américaine, c’est de la traduire. Ainsi, nous serons amenés à lire des écrivain.e.s nord-américain.e.s en français et en anglais, tout en discutant des problématiques de la traduction d’une culture étrangère – même quand on la connaît bien.

Avec Frédéric Forte, nous dialoguons autour des fantasmes qu’il a pu se faire au sujet de la société états-unienne à travers ses lectures (et des fantasmes qu’une telle lecture provoque en général). Ainsi, nous lisons des textes nord-américains, tout en discutant des problématiques de la traduction d’une culture étrangère. Ensuite, nous passons à un atelier de traduction collective ; d’où une discussion sur les glissements entre la langue française et l’anglais américain et les correspondances entre ces deux mondes littéraires.

Frédéric Forte est poète, membre de l’Oulipo et traducteur occasionnel de poésie américaine.

Christopher Alexander Kostritsky Gellert est artiste, poète et chercheur. Il s’intéresse à la plasticité du texte et à son inscription dans la matière.

(étudiantes Master 1 en études anglophones)

Bibliothèque des Grands Moulins, 28/01/2020

Quelle est la frontière entre le réel et la poésie ?

En conversation avec le poète et artiste Franck Leibovici nous nous demandons comment la poésie peut produire des outils d’enquête pour explorer des masses de données, témoignages ou archives. Nous échangeons sur l’histoire de l’enquête littéraire en France et aux États-Unis et sur les liens entre ces deux traditions, de Charles Reznikoff à Emmanuel Hocquard. Dialoguons avec Franck Leibovici sur sa méthode, qui tente comprendre cette échelle de la masse (de documents, de données, d’images) au moyen de dispositifs poétiques.

Plus particulièrement, réfléchissons à la mise en forme poétique de ces données au sein de son œuvre : tinder chats, sex-tape amateur, correspondance amoureuse à plusieurs mains… (De l’amour, Jean Boîte éditions, 2019), procès à la Cour Pénale Internationale (Bogoro, Questions théoriques, 2016), discours sénatorial (Filibuster, Jeu de paume, 2013), sites web militants et militaires (Portraits chinois, Al Dante, 2007), rapport d’une commission sur un attentat terroriste (9+11, ubuweb, 2005), présentations powerpoint (quelques storyboards, ubuweb, 2003)…

Finalement, comment des dispositifs poétiques peuvent-ils constituer une autre forme de savoir, qui agit directement dans des contextes sociaux et au sein des institutions ? Avec Julien Seroussi, Franck Leibovici mène maintenant depuis plusieurs années à la Cour pénale internationale un travail pour évaluer comment des outils issus de la poésie, de l’art ou des sciences sociales permettent une autre saisie des éléments de preuve textuels et visuels, venant compléter les outils traditionnels des juristes.

Poète et artiste, Franck Leibovici vient de publier “Des opérations d’écriture qui ne disent pas leur nom” (éd. Questions théoriques, 2020).

Abigail Lang est maîtresse de conférences à Université de Paris et traductrice.

Bibliothèque des Grands Moulins, 27/02/2020

L’art vaut quoi ?

En économie, un marché de l’art (ou des livres) est souvent caractérisé comme une star economy: les tout premiers (en termes de vente) touchent énormément d’argent tandis la masse énorme des autres vivent généralement au-dessous du seuil de pauvreté; ou encore une pokemon economy : the winner takes all. D’un point de vue politique, il y a sans doute là de quoi pleurer et vomir, même si pleurer et vomir ne mènent pas loin politiquement. D’un point de vue moral, il n’y a rien à dire et toute nostalgie est interdite: ce n’est pas là un système plus immoral que l’économie de la rente et de l’héritage qui caractérise près de la moitié des nos plus grands artistes et écrivains du XIXème et du début du XXème siècle. Mais d’un point de vue artistique, cela oblige les artistes et les écrivains d’aujourd’hui à transformer, malgré qu’ils en aient souvent, leur atelier ou leur bureau en laboratoires de l’argent. C’est peut-être plus intéressant et en tout cas souvent plus drôle. C’est en tout cas la voie que nous explorons ensemble.

Christophe Hanna, poète, a publié “Argent” (éd. Amsterdam, 2018). Il reprend les propos relatifs à l’argent d’auteurs, éditeurs, journalistes, responsables d’institutions artistiques… des profils marqués par de fortes inégalités.

Pierre Zaoui, philosophe, enseigne à Université de Paris.

Suite à la crise sanitaire du COVID-19, les trois rencontres suivantes, prévues en mars, avril et mai, sont reportées à la rentrée universitaire  2020-21 :

- Lire, lier, délier / Martin Rueff et Marik Froidefond

- L'art d'assaisonner les textes / Laurent Calvié, Sophie Rabau

- Lire la migration / Clément Baloup, Marie Gibert-Flutre.

Au plaisir de vous  retrouver lors des prochaines rencontres !

En savoir plus sur Christopher Gellert ?

Christopher Alexander Kostritsky Gellert est artiste, poète et chercheur. Il travaille sur l’enquête littéraire et la création des communautés dans une poétique de la relation. Il s’intéresse à la plasticité du texte et son inscription dans la matière.

Depuis 2016, il mène une enquête sur la lecture comme expérience, Pourquoi lisons-nous, où il recueille des témoignages de lecteur·trice·s sur l’influence de la lecture sur leurs cheminements. A l'Université de Paris, il organise un cycle de forums sur nos pratiques de lecture, cycle qui forme une passerelle entre un savoir théorique et des expériences vécues. Ses textes sont parus dans FORTH Magazine, Belleville Park Pages, parentheses et Fracas. Depuis un an, il travaille en binôme avec la plasticienne Alexia Antuofermo. Ils ont exposé leur œuvre Villes Verrières à Art Métropoles ; iels ont presenté leur performance et installation, passages en actes, dans l’exposition « Épagôgè » au 59 rue de Rivoli (Paris) et ils participent également au festival « Déplacé·e·es » pour la Semaine des arts à l’Université de Paris 8 avec leur performance installation BALlade #2, créée pour Le Festival des écritures bougées 2019 au Centre d’art contemporain La Traverse, Alfortville. Actuellement, ils mènent une enquête sur les changements qui traversent le quartier de la Chapelle à Paris, Les Vistaïres du futur, en posant la question de l’entopie et des transformations à venir de l’urbanisme et de l’architecture avec leur collectif Tramages. Christopher Alexander Kostritsky Gellert est né à Cleveland, États-Unis. Il vit à Paris.


Performance lors du vernissage de "Module B", une proposition de Ségolène Thuillart et Harold Mollet à Hon Books/Antoine Lefebvre Éditions, photo : Marion Fischer
Share