(Re)lire Diderot / 17 janvier

Pour inaugurer le tricentenaire de la naissance de Denis Diderot, le 17 janvier 2013, la Bibliothèque Centrale propose à 17h30 dans le hall trois courtes lectures d’extraits d’œuvres de l’auteur :

  • autour de l’art (Salon de 1765, Le Baptême russe de Le Prince)
  • la médecine (Lettre à Sophie Volland, 1er décembre 1765)
  • l’éducation (Le Neveu de Rameau).

Voici un aperçu des lectures du 17 janvier :

Diderot et l’art

Salon de 1765, Le Baptême russe de Le Prince

À partir de 1759, Denis Diderot écrit les comptes rendus des expositions de l’Académie royale de peinture et de sculpture. Cette rubrique artistique prend la forme d’une lettre à Melchior Grimm. Pour commenter le Baptême russe, tableau issu d’un voyage de Le Prince en Russie, Diderot préfère badiner avec les traditions russes.

Extrait de la lecture :

Nous y voilà. Ma foi, c’est une belle cérémonie. Cette grande cuve baptismale d’argent fait un bel effet. La fonction de ces trois prêtres qui sont tous les trois à droite, debout, a de la dignité : le premier embrasse le nouveau-né par-dessous les bras et le plonge par les pieds dans la cuve ; le second tient le Rituel et lit les prières sacramentelles, il lit bien, comme un vieillard doit lire, en éloignant le livre de ses yeux ; le troisième regarde attentivement sur le livre ; et ce quatrième qui répand des parfums sur une poêle ardente placée vers la cuve baptismale, ne remarquez-vous pas comme il est bien, richement et noblement vêtu ? comme son action est naturelle et vraie ?

Diderot et la médecine

Lettre à Sophie Volland, 1er décembre 1765

Diderot raconte une histoire qui s’est produite à l’hôpital parisien de la Charité.Un chirurgien, le frère Côme, utilise pour ses expérimentations des corps d’hospitalisés venant de mourir. Le narrateur reconstitue le dialogue entre le chirurgien et le père infirmier à qui il demande un cadavre.

Extrait de la lecture :

Il s’adresse au père infirmier ; celui-ci lui dit : « Vous venez tout à temps. Il y a là, numéro 46, un grand garçon qui n’a plus que deux heures à aller. — Deux heures ? lui répond le frère Côme ; ce n’est pas tout à fait mon compte. Il faut que j’aille ce soir à Fontainebleau, d’où je ne reviendrai que demain au soir sur les sept heures au plus tôt. — Eh bien ! cela ne fait rien, lui dit l’infirmier, parlez toujours ; on tâchera de vous le pousser. » Le frère Côme part, l’infirmier s’en va à l’apothicairerie, ordonne un bon cordial pour le numéro 46. Le cordial fait à merveille ; le malade dort cinq à six heures. Le lendemain l’infirmier s’en va à son lit ; il le trouve sur son séant, toussant et crachant librement ; presque plus de fièvre, plus d’oppression, pas le moindre mal de côté.

Diderot et l’éducation

Le Neveu de Rameau

Dans un café du Palais-Royal, le philosophe (Moi) rencontre le neveu du célèbre compositeur Rameau (Lui). Le neveu de Rameau, artiste fantasque et cynique, provoque le philosophe par une joute verbale. Ils débattent ainsi de l’éducation des jeunes filles.

Extrait de la lecture :

LUI. – .. Ne pourrait-on savoir de Monseigneur le philosophe, quel âge à peu près peut avoir Mademoiselle sa fille.
MOI. – Supposez-lui huit ans.
LUI. – Huit ans ! il y a quatre ans que cela devrait avoir les doigts sur les touches.
MOI. – Mais peut-être ne me soucié-je pas trop de faire entrer dans le plan de son éducation, une étude qui occupe si longtemps et qui sert si peu.
LUI. – Et que lui apprendrez-vous donc, s’il vous plaît ?
MOI. – A raisonner juste, si je puis ; chose si peu commune parmi les hommes, et plus rare encore parmi les femmes.
LUI. – Et laissez-la déraisonner, tant qu’elle voudra. Pourvu qu’elle soit jolie, amusante et coquette.

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