La revue Écrire l’histoire a demandé à des gens ordinaires plutôt qu’à de grands acteurs historiques de raconter l’image, le petit fait, l’anecdote qui leur venait en tête à propos des événements de mai 68.
Paroles et textes réunis par Caroline Julliot et Claude Millet
. Edmond, garde républicain au moment des événements
C’était dur. La garde républicaine ne marche pas contre le peuple français, mais il fallait tout de même soutenir à l’arrière les forces de l’ordre, qui étaient débordées, pour les affaires courantes. Ça venait par-dessus notre service, parce qu’il fallait s’occuper des chevaux, qu’on ne pouvait pas sortir. Les chevaux, ça fait peur, ça peut créer des paniques, c’est dangereux dans une manifestation. Alors on les faisait tourner dans le manège, tourner des heures, pour qu’ils ne soient pas malheureux.
. Georges, étudiant en philosophie à l’université de Clermont-Ferrand en 1968, militant Voix ouvrière (LO)
À l’usine Michelin des Carmes, étudiants et lycéens allaient au-devant des ouvriers pour discuter avec eux et les inciter à faire la grève, ce qui n’était pas du tout du goût des militants du PCF et de la CGT. Pour eux, ces jeunes – j’en étais – étaient des gosses de riches, des « fainéants ». Ils faisaient barrage. On a été molestés. Mais on a su qu’il y a eu après de grosses discussions entre les « Bibs », beaucoup nous soutenant. Sans se mettre en grève.
. Pierrette, alors ouvrière déléguée syndicale de la CGT à l’usine Thomson CSF de Gennevilliers, 20 ans en 1968
Nous occupions l’usine depuis plusieurs semaines. Régulièrement, des étudiants venaient nous proposer de la nourriture, mais nous ne voulions ni de leurs poulets ni de leurs discours ! Pas de rencontre possible. Pour nous débarrasser d’eux, les lances à incendie ont été installées. Il n’y avait plus qu’à les attendre. Les aurions-nous utilisées ?
Retrouvez d’autres témoignages dans les prochains posts…
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Ces témoignages seront évoqués à l'occasion du Festival des Idées : 68 en flash-back projection-rencontre Jeudi 22 novembre de 18 h à 21h Université Paris Diderot, Halle aux Farines, Amphi 7C Esplanade Vidal-Naquet, Paris 13e Entrée libre et gratuite En savoir plus